9.4.07

A propos de Somewhere Else


Je me demande comment les gens qui tiennent un blog régulièrement trouvent le temps de s'astreindre à cette tâche. Je n'y suis jamais parvenu, sauf lorsque j'étais étudiant et que je n'avais donc pas grand chose à faire de mon temps, à part gloser, pontifier la moindre parcelle d'existence (moins l'on a de choses à raconter, plus on noircit les pages semble t-il).

Toujours est-il que cette entrée de La Ruche est donc la dernière, ce qui ne devrait gêner personne puisque, pour exister dans la blogsphere, il faut poster souvent.

Alors que dire pour finir: que le My Space de Fabrice Colin est de loin mon blog préféré parmi les préférés.

Et enfin que le nouveau marillion, Somewhere Else, est un disque frais et spontané qui soulage un peu de l'artillerie lourde du formidable Marbles. Et Ian Mosley n'a pas joué aussi bien depuis Clutching At Straws, ce qui suffit déjà à faire de ce disque un album évenementiel. Côté titres favoris, "A Voice From The Past" et le nouveau et somptueux arrangement de "Faith" se partagent mes faveurs (mais le morceau éponyme n'est jamais loin). C'est donc excité et triste, comme à chaque nouvelle sortie d'un opus de marillion, que je balance La Ruche dans le trou du Ku du ouaibe.

13.8.06

A propos de Massive Attack


Je l'avoue: pour la tournée 100th Window, je m'étais dégonflé, et l'annonce de la non-participation de Sinéad O'Connor aux shows de Massive Attack m'avait, cette année-là, servi de prétexte foireux pour ne pas décoller de ma petite routine.

3D et ses comparses ont donc repris la route cette année pour promouvoir la compil Collected. Et cette fois-ci, pas question d'y échapper! Par conséquent, escale obligatoire au théâtre antique de Vienne ce mardi 18 juillet, où après une déplorable première partie assurée par Archive (que cette parodie de bas rock progressif paraît palichonne à côté des fulgurances de l'historique Londinium!), le combo de Bristol a frappé fort, très fort, en nous livrant un condensé survitaminé et brumeux de ses quinze ans de carrière.

La set-list parle d'elle-même: False Flags / Risingson / Black Melt / Karmacoma / Butterfly Caught / Hymn of the Big Wheel / Mezzanine / Teardrop / Angel / Future Proof / Safe From Harm / Inertia Creeps / Unfinished Sympathy / Group Four... le tout chanté, tchatché, scandé par 3D (en chef d'orchestre classieux et impérial), Daddy G (un peu effacé mais résolument gargantuesque), Liz Frazer (de feu Cocteau Twins et que j'ai parfois trouvé légèrement à côté de la plaque), Sir Horace Andy (un chauffeur de salle de tout premier ordre et l'un des timbres de voix les plus extraterrestres de toute la planète pop) et Deborah Miller (aux commandes - et avec quel talent! - des surpuissants "Safe From Harm" et "Unfinished Sympathy").

Plaisir aussi d'appercevoir, derrière les fûts d'un set de batterie tentaculaire, Andy Gangadeen, titulaire du même poste au sein du h band de Steve Hogarth.

Un concert d'une noirceur parfois inouie car traversé de cette désillusion politique si typique de la génération Massive Attack (ma génération), désillusion dont les émeutes des banlieues françaises à l'automne dernier (émeutes qui inspirèrent à 3D l'écriture de "False Flags") et les guerres en Irak, au Liban et ailleurs (conflits conférant une morbide actualité à "Safe From Harm", à l'origine enregistrée lors de la première guerre du Golfe) n'annoncent certes pas l'imminente fin.

A propos du jeune Brocky et de Robert Fripp


Tombé, presque par hasard, sur The Life of Brocky, le fort sympathique blog d'un très jeune fan de Robert Fripp. Jetez-y un coup d'oeil, c'est a priori tout à fait revigorant... à moins bien sûr que le jeune Brocky ne vous rappelle d'un peu trop près vos vertes années de mélomane et que la ressemblance soit à ce point saisissante que l'époque où vous pensiez et viviez comme Brocky vous semble désespérément lointaine. Moi ça m'a filé un sacré coup de vieux en tout cas...

Et puisque j'évoque Robert Fripp, je ne résiste à citer un fragment d'interview du maître (interview réalisée en 1999 et dont vous trouverez la retranscription complète ici-même), fragment par lequel Fripp justifie la reformation de King Crimson en 1981 (le groupe alors constitué sévissait déjà depuis quelques mois sous le patronyme de Discipline) par un flash mystique qui m'a toujours fait doucement rire. Savourez:

"In 1981 with Adrian Belew, Bill Bruford and Tony Levin, the weight of expectation in forming King Crimson was too much to take on. So there four musicians and yet there was something about this that I recognized. And driving to Bill Bruford's, from the little village where I was staying, the four miles up the country lane and over hill and down on the other side - Eric Clapton living over there and Bill two hundred yards that way. As I was driving, over here [pointing to the now nonexistent passenger seat], there was a presence, which I recognized as King Crimson. I'm just describing the experience, you can interpret it as you wish".

A propos de la Bergère


Dire que je me languissais de revoir la Bergère sur scène depuis la bouleversante soirée que son trio et celui de Gabriel Yacoub nous avait offert à la Tour du Pin en mai 2005 relève de l'éuphémisme.

C'est donc le 11 juillet dernier, à l'occasion des Fêtes Escales organisées par les affaires culturelles de la mairie de Vénissieux, que ma petite famille et moi-même avons retrouvé la chanteuse Sylvie Berger, l'accordéoniste Emmanuel Pariselle et le guitariste Julien Biget, d'abord pour une petite séance de dédicaces fraîche et informelle, puis pour le concert proprement dit.

Leur trop courte prestation (une petite heure tout au plus) fut pour l'essentiel consacrée à une interprétation - en avant-première - des chansons du successeur d'Ouvarosa, à paraître chez le Roseau en octobre.

Verdict? On y retouve en plus onctueux, en plus grâcieux même (quelle minutie dans les arrangements!), les arômes, les accents doux-amers, tendres et piquants du premier disque, et cet art consommé des mélodies nostalgiques qui font mouche et qui vous flanquent, bien malgré vous, la plus délicieuse des chairs de poule.

Il ne nous reste donc plus qu'à guetter la sortie de ce second joyau de la Bergère, et avec lui ce petit déjeuner que Sylvie, ma chère et tendre et moi-même nous sommes désormais officiellement promis de partager au lendemain d'une veillée comme seuls Gabriel, Sylvie et leur tribu en ont le secret.

2.7.06

A propos de Steve Hogarth


Escapade à Lille le 17 juin dernier, pour assister à ma deuxième soirée h natural de l'année (après le concert parisien du 24 février au Café de la danse).

Dans la forme, pas de révolution de palais: Steve Hogarth, seul au piano, revisitant sa carrière personnelle, s'adonnant avec délectation à l'exercice de reprises (plus ou moins heureuses) de titres pop chers à son coeur et ponctuant sa performance de lectures d'extraits (fort opportuns car toujours admirablement rédigés) de ses journaux de tournée avec marillion.

Dans le fond en revanche, le moins que l'on puisse dire est que Steve Hogarth, un peu paniqué à l'idée de prendre seul possession de la scène il y a quelques mois au Café de la danse, a entre temps gagné en assurance ce qu'il a peut-être un peu perdu en fraîcheur (le concert inaugural de Paris avait en effet ceci d'extraordinaire qu'il nous donnait l'impression de retrouver le Steve Hogarth timide mais déterminé de ses premiers gigs avec marillion). Le coup d'essai parisien transformé en coup de maître, c'est un h très au fait de ses capacités à subjuguer son auditoire qui sillonne l'Europe depuis.

Avant-dernière date de la tournée h natural (avant Maillorque, le 15 juillet), la halte lilloise fut un vrai bain de jouvence pour un triste sire comme moi, persuadé que la machine marillion n'est pas toujours à même de rendre justice aux formidables talents de chanteur et de parolier de Steve Hogarth. Ainsi dépouillés de toute fioriture instrumentale, des titres comme "House", "Waiting To Happen", "Lap Of Luxury", "The Great Escape", "Afraid Of Sunlight" ou les pourtant très contreversés "No One Can" et "You're Gone" ont été magnifié, retrouvant dans ce contexte leurs émotions d'origine, celles que dictent seuls le texte et la tessiture vocale si particulière de Steve Hogarth.

Cette épure, dont je puis comprendre qu'elle ennuie les amateurs de mets, disons plus copieux, plus architecturés (goûts qui sont, a priori, ceux de la majorité des amateurs de marillion), a le mérite, selon moi, de nous avoir révélé, pour la première fois au grand jour, l'extraordinaire étendue du registre vocal de Steve Hogarth, étendue que les Europeans, How We Live, marillion et même le h band n'ont jamais su totalement exploiter, sans que cela, d'ailleurs, puisse constituer un reproche, la configuration 'groupe de rock' ne se prêtant pas à une telle exploration.

Troublante expérience à vrai dire, pour un vieux fan comme moi, que de constater, médusé (pour ne pas dire bouleversé) que bien des aspects de la voix de Steve Hogarth m'étaient jusqu'alors quasiment étrangers (ou tout au plus suggérés par ses travaux antérieurs). Et quel bonheur que de sentir ces voiles se lever, non seulement dans l'interprétation de titres qui font depuis longtemps partie de mon petit panthéon personnel mais aussi par l'intermédiaire de chansons dont je ne connaissais pas même l'existence (telles "Famous Blue Raincoat" de Leonard Cohen, "Cloudbusting" de Kate Bush et surtout le prodigieux dyptique "The Whole of the Moon/Spirit" des Waterboys).

Je souhaite à chacun de vivre cette aventure, refondatrice, qui consiste à découvrir, chez son plus vieil amour, des vertus magnifiques, jusqu'alors insoupçonnées.


Set-list: Help / House / Alone Again In The Lap Of Luxury / You're Gone / Fantastic Place / Brave / Easter / Three Minute Boy - A Day In The Life / Waiting To Happen / The Party / The Great Escape / No One Can / Famous Blue Raincoat / It's Too Late / Afraid Of Sunlight / The Whole Of The Moon - Spirit / Cloudbusting / 80 Days / Living For The City / Estonia / Life On Mars
(et quelques mesures de "Like A Virgin" planquées quelque part)


Quelques visions obliques de la tournéeh natural à découvrir sur you tube

21.5.06

A propos de Pink Floyd, Triade et King Crimson


C'est fou comme il semble aisé de se faire des amis lorsque l'on arbore le t-shirt d'un grand, très grand groupe de rock. Voyez cette semaine, sur mon lieu de travail, où des figures familières, mais avec qui la conversation ne s'engage que très rarement, sont spontanément venues s'entretenir avec moi des mérites d'Animals de Pink Floyd... "On réduit trop souvent ce disque à sa pochette industrielo-porcine", me suis-je emballé, "alors même qu'il s'agit d'un des albums les plus spontanés du Floyd (c'est du moins l'impression qu'il donne) et que l'on croirait nos quatre gaillards revenus au bon vieux temps de la jam-session façon Saucerful of Secrets, à des années-lumières de la surenchère conceptuelo-technologique de Dark Side et Wish You Were here".

Et à défendre avec autant de vigueur l'immaculé Animals, ce qui devait arriver est arrivé: mon auditoire a déchanté, assommé par mes développements, gêné de constater que quelqu'un puisse accorder autant d'importance à quelque chose d'aussi futile qu'un vieux disque de rock tout juste bon à raviver pour quelques secondes les vapeurs d'encens d'une époque irrémédiablement révolue. Pour les amitiés en germe, on repassera...

Le moyen le plus sûr de ne pas subir ce genre de déconvenues est de porter un t-shirt de Discipline de King Crimson (pas d'In the Court..., de Discipline!). J'ai fait le test cette semaine... Et comme je m'y attendais, pas un chalan n'est venu m'adresser la parole. Et pour cause! Qui donc voudrait bien m'écouter déblatérer sur les entrelacs polyphoniques de Robert Fripp et Adrian Belew? À moins d'être pervers, sourd ou mort, personne en effet...

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NB: chaudement recommandé à tous les amateurs de Fender Rhodes trafiquotés, l'excellent album de Triade, Entropie. C'est chez Minium (brillante continuité du défunt label Sketch - cf. les jubilatoires nouveaux albums de Jean-Philippe Viret et Giovanni Mirabassi) et ça vient de sortir.

8.4.06

A propos de David Gilmour, de Goethe, de Bill Carrothers, de Van Der Graaf Generator


Entendu dire, par une souce certes peu soucieuse de justice, que David Gilmour n'aurait guère convaincu son auditoire parisien il y a quelques semaines, ce dernier ne s'enthousiasmant qu'aux compos du vieux Floyd et boudant les titres d'On A Island.

Que l'on ne retrouve guère, dans On A Island, la tension dramatique qui traversait même les moments les plus ternes du Floyd pré-87 (tension à laquelle l'écriture de Roger Waters était loin d'être étrangère évidemment), voilà qui est indéniable. Qu'On A Island soit dans la lignée coulée, éthérée de Division Bell sans pour autant jamais retrouver la grâce d'un "High Hopes", c'est indéniable aussi.

Mais quelle plaie, pour David Gilmour, que d'avoir à se traîner ce public de fanatiques du Floyd qui ne s'accomode que de ses émotions d'antan! Que Gilmour relise, pour soulager ses peines, ces quelques vers faustiens issus du Prologue sur le théâtre (ci-dessous en traduction Gérard de Nerval) où le poète se refuse à flatter un auditoire si borné:

Ne me retracez point cette foule insensée,
Dont l'aspect m'épouvante et glace ma pensée,
Ce tourbillon vulgaire, et rongé par l'ennui,
Qui dans son monde oisif nous entrâine avec lui;


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NB: en boucle dans ma platine depuis déjà trop longtemps, en alternance avec Armistice 1918 de Bill Carrothers (l'album qui a ruiné le label Sketch, mais peut-on rêver ruine plus sublime?), "Every Bloody Emperor", le titre d'ouverture de Present (2005), l'album de l'éphémere reformation de Van Der Graaf Generator: 7 minutes de pure Grâce hammilienne, 7 minutes d'un lyrisme rageur, cynique, tout habité de "volonté de puissance".

17.12.05

A propos de Van Der Graaf Generator


Dégoté hier, dans un supermarché de la culture, H to He, Who Am The Only One de Van Der Graaf Generator, dans une version remasterisée. Il y a bientôt dix ans de cela - j'étais alors en classe de seconde -, ce disque (et quelques autres) m'avait été subtilisé par un bandit de grand chemin à la dague fort bien aiguisée, bandit qui m'avait infligé la trouille de ma vie. Je me suis souvent demandé avec amusement ce que cette petite frappe des Minguettes avait bien pu penser du pomp-rock qui couine de Van Der Graaf. Je doute qu'il ait trouvé cette musique bien comestible mais qui sait, peut-être que ce butin a fait de lui un très estimable afficiaonado de Peter Hammil. On peut rêver...

Mon opinion sur cette antiquité (1971 tout de même!) n'a quant à elle pas bougé d'un iota, et ce malgré les 10 années qui séparent mon écoute d'hier soir de la précédente: ce disque est toujours aussi formidablement excessif!!! Que ces dissonances cuivrées sont jouissives, et plus encore quant Robert Fripp y juxtapose ses stridences! Et Peter Hammil, quelle emphase! quel culot! quel sens du drame! et de la dérision! Dans le genre, seuls les illuminés deThe Enid, dans une optique certes beaucoup plus symphonique, ont su rivaliser de 'baroque-attitude' avec les maîtres de Van Der Graaf.

24.9.05

A propos de Rita Marcotulli


Considéré dans sa totalité, Koiné, le dernier album en date de la petite diva italienne du piano jazz, n'est guère plus réussi que son disque-hommage à Truffaut publié chez Label Bleu en 97. Les mêmes recettes "world" (de pacotille souvent!), le même éparpillement géographique parfois maladif (car là où l'hésitation perpétuelle entre nord et sud de l'Europe fait des miracles chez Marcotulli, la visite de contrées plus exotiques tourne au sévèrement kitch) y ont droit de cité - et c'est le génie mélodique et rythmique inscrit sur les partitions qui en souffre terriblement.

Et pourtant! Les quelques perles qui émaillent les disques de Marcotulli (ici les titres qui font intervenir Anja Garbarek et Gianmaria Testa, la première dans un registre electro-jazz de fort belle facture, le second pour une leçon de variété jazz sacrément bien troussée) me font rêver au jour où un label (pourquoi pas l'actuel Chant du Monde?) imposera à la belle un directeur artistique digne de ce nom, quelqu'un capable de canaliser les obsessions formelles de Rita, et ainsi de tirer le meilleur parti de son prodigieux sens de la composition.

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